E Fureste ... Ingeniu musicali é sunori ... Ispirazione
Article relatant mes recherches de terrain , ici le monde de la forêt : le végétal et la musique.
E Fureste ... Ingeniu musicali é sunori ... Ispirazione

E Fureste, loche magiche di trasmissione é d'ispirazione, l'ingeniu di strumenti sunori é musicali

Du point de vue anthropologique, il est un fait que les populations vivant sur des îles : L'Isula di CORSICA est la quatrième grande île de la Méditerranée, avec la Sicile, la Sardaigne et Chypre - sont moins bousculées que celles vivant dans les grandes villes continentales : elles ont le temps d'observer leur passé.

 En général, vivant dans un certain repli (surtout pendant la période hivernale) elles conservent le souvenir d'usages plus anciens tandis que les climats et paysages variés et quelquefois tourmentés influencent les mentalités, les comportements et modes d'expression. . On peut d'ores et déjà  parler d'un rythme de vie particulier et parler de rythme, c'est aussi une manière d'évoquer le musical.

Lorsque nous parlons de « musiques populaires », nous sommes obligés ici de faire référence à  des souvenirs, à  un passé révolu, à  des bribes seulement, car déjà  nombre d‘articles parus dans les années 60 , déploraient l'abandon des coutumes corses , des chansons anciennes et encore plus des musiques instrumentales, et des danses dans nos villages .

Ce fait n'est pas unique à  la Corse, car souvent les « passeurs de mémoire », les différents collecteurs semblaient ou étaient vraiment arrivés trop tard pour entendre les musiques populaires en situation de jeu et surtout dans leur contexte (fêtes, cérémonies, rituels). Ce décalage ne nous empêcha pas d'avancer et de faire avancer l'ethnomusicologie sur le terrain corse bien au contraire :


Je vais exposer quelques réflexions à  propos des savoir-faire qui sont souvent oubliés car la musique est un patrimoine immatériel, c'est une production de vibrations dans l'air qui va passer dans nos oreilles puis dans notre cerveau.


 Lorsque je contemple nos montagnes, nos forêts et l'immensité de la mer Méditerranée, un lever ou un coucher de lune ou de soleil, je reste émerveillé de tout ce dépouillement, d'un certu naturale.

Le barde Ziu Minellu d'Ascu avait lancé à  un lettré : "Preferiscu u mio naturale naturale, à  u vostru naturale artefiziale ...."....à  méditer.

"Dans la forêt, le désert, la montagne ou la mer, le silence pénètre parfois si parfaitement le monde que les autres sens deviennent désuets ou inutiles. La parole est sans voix pour dire la puissance de l'instant ou la solennité des lieux . Kazantzaki marche avec un ami au cœur d'une forêt du Mont Athos sur le chemin pavé de Karyès .

           ' Il semblait que nous étions entrés dans une immense église : la mer, des forêts de châtaigniers, des montagnes et par-dessus, en guise de coupole, le ciel ouvert. Je me suis tourné vers mon ami - " Pourquoi ne parlons-nous pas? Dis-je voulant rompre le silence qui commençait à  me peser. - " Nous parlons " répondit mon ami, en me touchant légèrement l'épaule , " nous parlons mais la langue des anges, le silence" . 

 in David le breton "l'intériorité du silence"  Cultures en mouvement Revue N° 20 septembre 1999. citat. N. Kazantzaki "Lettre au Greco , Paris Plon 1961 p. 189-190. 


La plupart des savoirs-faire musicaux qui viennent d'abord à  l'esprit sont ceux qui concernent les instruments, car eux sont bien visibles et font appel à  des éléments matériels.

Ainsi, dans nos propres enquêtes à  Olmi é Cappella, pour la représentation de « A Muresca vers 1913 ..... On nous confirme qu'« un tavulatu », un plancher était construit et selon la tradition, chacun signait la planche qu'il prêtait. D ‘après Dumenicu LUIGGI : - le rythme était marqué par des coups de talons en même temps que les coups de bâtons.

Mais, s'agissait-il des talons, de grosses chaussures ou bien le bruit des bâtons , ou y avait-il des percussions ?

L'ensemble est possible car le nombre de participants était important , et il se peut que les percussions aient été présentes dans des occasions moins solennelles et surtout moins surveillées ; n'oublions pas les interdictions des percussions entre autres instruments par les Génois spécialement durant la période carnavalesque (archives du Civil Governatore à  partir de 1696) et par l'Eglise dans l'Europe en général , les cloches demeurant autorisées , et même représentant la religion chrétienne , alors que les tambours divers représentaient la religion musulmane .


Ainsi, lorsque l'on met en exergue le lien entre le vécu de l'instrument (et donc le sociétal) avec la représentation symbolique de l'instrument on trouve le lien qui va du symbolique à  la représentation.


Quant aux autres instruments de musique proprement dits, ceux colportés et jouant les musiques de l'oralité , il faut savoir que dans nos villages , les jeunes apprenaient à  jouer d'oreille , à  force d'entendre les musiciens lors des fêtes et veillées , sur les seuls instruments qui se trouvaient à  la maison : on devenait mandoliniste si une mandoline était à  portée de main , violoneux si la famille avait hérité d'un violon , d'une flûte si on était né dans une famille de berger .et le plus souvent pas question d'en acheter ! A' titre d'exemple, n'oublions pas par exemple que les menuisiers-ébénistes qui ont pu faire des instruments à  cordes, avaient tous fait également leurs propres outils eux-mêmes pour travailler le bois, avec l'aide du forgeron du village pour les parties métalliques et quelques ferrailles de récupération. Donc, sauf si quelque "tragulinu" ramenait des guimbardes, ou une mandoline ou un violon d'occasion, il fallait se fabriquer les instruments de musique. Les accordéons (instruments comportant des pièces usinées) arrivèrent aussi souvent par des travailleurs journaliers italiens ou ramenés au 20 ème siècle lors d'une permission militaire .....C'est pourquoi les musées corses ne regorgent pas d'instruments de musique, les collecteurs d'objets se voyant refuser le don d'un instrument de musique" car ils avaient été chers payés ou avaient été très longs à  fabriquer


Les savoir-faire musicaux sont ceux appris pour la fabrication d'instruments populaires (ou lutherie populaire), disons avec les matériaux disponibles près du village ou récupérés lors de déplacements.

C'est pourquoi on retrouve dans les campagnes des violons faits dans des boîtes à  cigares, des casques de soldats, des caisses de ravitaillement etc ... et ce n'est pas propre à  la Corse.

Il y a eu transmission de savoir-faire en période de guerre (occupation, camps de prisonniers, exils forcés).


Dans nos villages, ceux qui ont fait des instruments avaient appris soit:

- d'ingeniu : type de personnages qui sculptaient les courges, faisaient des couteaux, des réveils, sculptaient des pipes etc.

di prà tica , o à  prà tica : en voyant faire quelqu'un, souvent un parent d'ailleurs .C'est le cas des menuisiers et ébénistes , i bancalari fini, qui apprenaient sur le tas et refaisaient un instrument à  partir d'un modèle .Ceci pour les instruments en bois sculpté: violns, cetare, cialambelle, pirule ....

- à  talentu : ceux qui faisaient les objets sans avoir appris !

di mimoria :    Certains ont fait des instruments de mémoire, se rappelant comment était faîte une cialambella, une guitare ; par exemple une guitare en allumettes !

Tous devaient savoir trouver le bon matériau, c'est là  qu'intervient la connaissance, une connaissance culturelle transmise de génération en génération : quand couper tel bois à  quelle lunaison, telle écorce, comment nettoyer les os, tanner et assouplir les peaux, percer trouer : il y aurait d'ailleurs tout un vocabulaire à  récolter urgemment concernant les fabricants d'objets musicaux ou pas.


Distinte :

Strumenti Arcaichi : Spurenchje , Fischju di conca , a Fronda , a Tromba , Bastone Sunaghjolu , a Cialambella , E Fiscule , a Pirula , u Fiscarolu ....

Strumenti più finiti : a Viola (2 o 3 corde) , u Viulone ( 1 corda ) u Viulinu , a Cetara  ......


Lors de mes premières pérégrinations et investigations sur le terrain de l'ethnomusicologie, j'avais eu la surprise au Musée des Milelli à  Ajacciu (dépôt provisoire des ATP) de voir quelques rares vieux instruments, uniquement des « cialambelle » ou clarinettes pastorales qui avaient été sculptées et jouées par des bergers, toutes différentes les unes des autres. Le père Louis Doazan les avaient retrouvées lors de ses déplacements à  travers les villages corses : mais sans voix, sans aucun enregistrement, sans personne pour en jouer ...

Seuls les instruments en écorce ou en feuille d'arbre étaient gratuits , mais on ne pouvait en jouer que le temps d'une saison , au printemps quand les plantes et les forêts sont "en sève" .(« in succhju » ) ..... Musiques éphémères, celle de l'enfance insouciante dans les prairies corses aux fleurs parfumées, il n'en reste que quelques témoins talentueux, un savoir-faire en perdition qui mériterait un article à  lui tout seul, quelques écorces séchées par le temps .....N'oublions pas que les premières émotions sonores des enfants corses des villages -cela nous a été relaté par de nombreux anciens lors de nos collectages : venaient des jouets fabriqués par leurs proches , il s'agissait de sifflets , de pétards en bois de sureau , de flutiaux taillés dans l'écorce des châtaigniers bâtards au printemps , tout un arsenal de petits instruments de musique certes modestes et archaïques, mais combien sonores !

Ceux-ci sont décrits par Petru CASANOVA dans son livre APPELLAMANU , et certains figurent au Musée de l' Adecec à  Cervioni , mais séchés et donc inutilisables : il s'agit de musique éphémère ,le temps d'une saison , où le savoir-faire de nos anciens a été transmis de génération en génération , , avec des noms très poétiques : Scherigliulu, petaghjola, fisciu , frisciu, zampugna ,fronda di leccia ...etc ....Tous les éléments des forêts corses ....

Cette première « initiation musicale » aboutissait et se perfectionnait pour les plus adroits à  la fabrication de flûtes rustiques en roseau (« e pirule »), (cf. « J.B. Natali : « Parmi le thym et la rosée » ) ou en corne de chêvre (« e pifane » ) Mais dans le cadre de cet article sur les « usages festifs » les flûtes ne participaient qu'occasionnellement pour la danse .

Quelques villages pour exemples !

BELGUDàˆ

C'est le village des Pazzoni, d'abord hébergés à  la fin du 18 ème siècle au Couvent, près du cimetière, puis tous menuisiers, certains charpentiers et ébénistes ; ils ont hérité aussi de dons pour la musique instrumentale et les danses des villages .

Pourtant, je n'ai aucun enregistrement de mes ancêtres. Mon père se souvenait d'une valse jouée par le violoneux Marchesi, un dénommé « Ziu Manuellu » , que j'entendis jouée par l'accordéoniste Albertu Muraccioli , à  l'accordéon diatonique .

On parla des fêtes surtout du Ghjunsani car elle avait connu mon ancêtre-musicien « Feffu » Ghjaseppu Pazzoni d'I Furcili , ils avaient joué ensemble lors d'une ou plusieurs fêtes dont A San Brancaziu in Pioggiula . Dommage qu'à  l'époque je n'enregistrais pas ces conversations.

Natali Pinelli est mort à  94 ans, c'était son père Francescu « Ceccu « Pinelli , décédé vers 85 ans, qui a tenu à  lui apprendre à  jouer quand il avait 40 ans , dans un séchoir à  châtaignes , « u siccatoghju » à  Casa Suprana de Pastricciola, pendant des nuits entières, il lui a appris à  jouer .

Natali , ou Natalellu ,( appelé encore Natalichju , en raison de sa petite taille) avait été marqué par son enfance : avait perdu sa mère Julie, très jeune.

Mais il semait autour de lui sa joie de vivre. Elle se souvient que quand il jouait il entrait comme en transe, tellement il aimait le violon ; il tenait toujours son violon avec l'archet sans étui, sous le bras.

Le grand-père de Natalellu P. s'appelait Nunziu Pinelli. Il aurait joué aussi du violon, (à  vérifier) .Le violon de son père datait de l'Empire (18.....), il était en bois verni foncé, sans détail particulier, sauf une usure à  l'endroit de la mentonnière, et au début des cordes.

Natali Pinelli était aussi poète: « il avait l'âme d'un poète «, il faisait « e ballate « (couplets, chansons improvisées) sur ce qu'il avait ressenti et vécu .  Sa fille le suivit dans toutes les fêtes. On l'appelait même jusqu'à  2 heures du matin.

Elle se souvient aussi du jeu de A Morra et du zifulellu, flûte en écorce de châtaignier .Elle vécut entre Veru et Pastricciola, jusqu'à  l'âge de 20 ans , lieux boisés à  la fois de maquis autant que de forêts de pins ..... Elle vit actuellement avec tous ces souvenirs.

TOUS les autres savoirs faire musical sont du domaine de l'immatériel :

-retenir les chants, les musiques.

-les interpréter

-avoir de l'impact sur l'auditoire

-remplir la fonction de tel rite.

-guérir des malades.

il s'agit d'une tradition de l'effort et aussi de la magie .

 

M ais la mentalité corse, plis et habitudes ; le reste de la nature et de la culture. ont eux aussi leur mot à  dire.

Il n'a pas que les harpes celtiques qui sont reliés aux elfes etc ...Nos plus anciens airs ont un rapport avec le magique : on s'en aperçoit dans le développement, les sautes d'humeur, les changements de tonalités brusques et le timbre des émis par les instruments. c'est pourquoi toute l'approche violoneuse est à  comparer à  un cheminement dans le savoir et les savoir-faire .on ne peut les passer en revue .Seulement il faudrait des heures à  entendre lees histoires des violoneux à  sente i stalvatoghji ...c'est ce que m'a d'ailleurs dit une petite fille de 10 ans de la famille des Guelfucci, qui devait apprendre avec Felice Antone, quand je lui disait que maintenant il y a avait des ateliers d etc. Oui mais lui ce n'est pas pareil, il connaissait des histoires ....

Il s'agit bien ce cette « tradition », de cette transmission de père en fils : celle peut-être dont parlait l'enfant ; il faudrait après la disparition des violoneux aller à  la collecte de tout ce qu'on n'a pas eu à  enregistrer : leurs histoires .

I Stalvatoghji. Quelques-unes sont à  la phonothèque, mais la plupart sont à  collecter : du pain sur la planche !

PALASCA

Un texte de Ghjiseppu Maria BONAVITA « U Ciuffu di l'Esca » décrit un personnage émouvant , un violoneux qui a marqué la Balagna au cours du vingtième siècle pour ceux qui l'ont rencontré et entendu jouer :


« ...Qualchi volta , purtava u so viulinu, chi sciacchittava indu a brisacca incù a scatula di u santu. U purtava pè i zitelli .Quand'e no' l'eramu tutt'attornu, u tirava di u saccu pianu pianu, cum'è s'ell'era vechju zenacu è prontu à  rende l'anima, l'accurdava : tocca qui, tocca culà , per una stonda, chi l'asgiu l'avia- eppo si mettia à  sunà . Sapete chi u facia parlà  , quellu viulinu. A ‘jente s'accuglia à  noi, parafà ttuli, stavamu di colpu, zittizitti chi ci paria una musica venuta da u paradisu, cume si Santu Niculaiu fussi surtitu da a brisacca per teneli l'archettu e chi tutti l'anghjuli di u santu , per stà  à  sente anch'elli, si fussinu calati à  mezu à  noi ..... »


Traduction : « Quelque fois, il portait son violon, qui se cognait dans la brisaque avec la boite du saint. Il le portait pour les enfants. Quand nous étions tous autour de lui , il le tirait de son sac tout doucement , comme s'il était très vieux et prêt à  rendre l'âme , il l'accordait : et touche ici , et touche là  , pendant un bon moment, car il avait tout son temps- et puis il se mettait à  jouer. Vous savez qu'il le faisait parler ce violon. Les gens nous rejoignaient autour de nous , qui restions tout d'un coup muets , car cette musique nous paraissait venir du paradis , comme si Saint Nicolas fut sorti de sa brisaque pour lui tenir l'archet et que tous les anges du Saint , pour l'écouter jouer, se fussent assis avec nous . « ..... 


Ce texte nous rappelle une fois de plus que dans ce monde musical, il y a aussi une part de mystère et que nos plus anciens airs ont un rapport avec des traditions magiques . On apprend alors par exemple, qu'un violoneux des environs de Sartene, était appelé lors de la récolte du miel, car en jouant les cordes à  vide, il calmait les abeilles. A' San Gavinu di Fium â€˜Orbu, un joueur venait jouer certains airs devant un enfant malade, et le lendemain, il était guéri. Certains musiciens allaient dormir dans des forêts ou près de tombes isolées, et retournaient le lendemain avec « un air nouveau » (qu'ils avaient sans aucun doute entendu en rêve) .....

Partager cet article

Commentaires (0)


  • Vous souhaitez écrire des articles sur communiti et en faire profiter les membres de la communauté corse ? Il vous suffit alors de vous connecter à votre compte communiti ou bien de créer votre compte gratuit qui vous permettra de vous connecter au réseau international des corses dans le monde. Communiti est le réseau professionnel qui regroupe la Corse, la Diaspora et les amis de la Corse sur un même outil digital. N'attendez plus ! Rejoignez-nous !

    Inscription
  • Téléchargez l'application mobile

    L'application mobile du réseau social professionnel de la communauté Corse est disponible sur les stores. N`'attendez plus et rejoignez nous dès Maintenant.

    # #

    en savoir plus