U Ballu in Corsica : recherches en danse en Corsica
Synthèse donnée à Athènes au CID - Unesco. Recherches en danse : situation de la Corse ( article en devenir !)
U Ballu in Corsica : recherches en danse en Corsica

 

-Les recherches en danse en Corse.

Quelques groupes folkloriques heureusement ont appris des danses relativement anciennes dans les villages auprès de violoneux, de joueurs d'accordéon etc. .... et les ont chorégraphiées sans beaucoup de modifications pour leurs spectacles.

Felix Quilici a enregistré des documents où on entend les pas de danses mais n'a pas noté sur papier les pas. On peut seulement entendre le frottement ou la percussion des chaussures sur les planchers ou sur la terre ....

Lorsque nous écoutons via les enregistrements l'ambiance des danses en 1948 (après la guerre !) , on entend une communauté danser ensemble : une cohésion, une joie partagée.

Je préfère parler de passion, de plaisir de danser. D'ailleurs quand les anciens violoneux en parlent, ils emploient des expressions comme :

« Faire bombance »( Fà  a bumbanza), « la frénésie »(a franasia), «la fête, l'orgie »(a Ghjuvannara) : c'est bien une preuve que la danse est un art particulier .

D'ailleurs, le nom grec de la danse « Choros », vient du mot « Chara « : la joie.

La danse pour Platon est la manifestation de la joie.

 

 

Mais le répertoire est surtout les musiques de danses du 19 ème siècle. Il a néanmoins recueilli des photographies d'une danse de bâtons à  Moïta, avec le groupe folklorique Cantu di Cirnu qui donnent une idée de ce qu'elle pouvait être.

A sa suite, après sa mort en 1980,  je suis allé rencontrer les " derniers" violoneux de tradition orale dans les villages corses à  partir de 1981 :  L'impression que l'intérêt que je portais à  ces artistes sensibles ravivait quelque chose d'enfoui dans leur mémoire et celle de leurs familles .........Mais on ne dansait plus depuis longtemps si aisément les « masurche », « scurtisce « encore moins les « cuntradanze « ....les « tarantelle », « cerca », la fameuse « manfarina « souvent citée dans les chansons mais dont personne ne connaissait ni les pas ni le rythme .....

Pourtant année après année une mémoire se constituait : un corpus d'airs de danses, des informations collectées ici et là  soit dans des ouvrages, soit en pratiquant des interviews, sur les danses populaires, en posant avec précaution des questions beaucoup plus larges : comment se passaient les mariages, qui jouait pour accompagner les sérénades, qui chantait ? , avaient ils eu des souvenirs d'une fête en particulier qui les avaient marqués plus que d'autres ? Des pas ou figures de danses des plus anciens du village etc ..... le b-a ba du métier d'ethnomusicologue ....

Comme le dit si bien Davia Benedetti :

( note article Granitula 4)    « Il faut attendre les années 1980 pour qu'avec la naissance du courant de danse contemporaine, la motricité dansée jusqu'alors contenue explose en Corse. »

 

LES DANSES, LES FETES ....

A la lecture de chroniques , la danse intervenait à  la fin du repas , et étaient des danses de type communautaires comme U Chjerchju , A Girandula, a Marsigliana etc .

 

On peut penser, comme l'affirme le musicologue Curt Sachs, que les peuples ont commencé à  danser en cercles, soit ouverts, soit fermés, ou en spirale ou en lignes.(ex. a girandula ,u saltarellu, a zilimbrina, u tarasco') . L'idée était de représenter le sens de la vie, le mouvement du soleil et des planètes, et de tourner autour de quelque chose.

 

U caracolu était un rituel autour du mort déposé sur une table. Les femmes se prosternaient et commençaient à  onduler ou tourner autour du lit ou cercueil etc ., avec un balancement qui peut être assimilé à  une " danse des morts ou danse pour le mort" . "u caracollu çà  veut dire "l'escargot».

U chjerchju est une danse d'hommage aux ancêtres, par exemple à  l'occasion d'une fête de mariage (pas triste).

Autour des mégalithes (statues de la proto-histoire , 2000 ans avant Jésus-Christ) on peut supposer qu'ils dansaient en cercle ( "u chjerchju") , peut-être " u caracollu", peut-être " a girandula "(cercle et spirale) ou "granitula" ( spirale, çà  veut dire aussi" escargot") ......Ensuite ces rituels sont devenus simplement des danses pour le Carnaval ...... la "granitula" est devenue une procession religieuse catholique (Pâques et fête de la Vergine Maria ).....

U Chjerchju di Bucugnanu de Jaussin  :

1)  « Cinq ou six jeunes gens du hameau y étaoient assis, ils nous tirèrent leurs bonets; un d'eux pinçoit une mauvaise guitarre, & les gens de la nôce dansoient au son de cet instrument. C'étoit moins une danse que des pas faits à  droite & à  gauche sans mesure, ni cadence. On me fit remarquer comme une chose rare & singulière que la mariée avoit des bas & des souliers. Elle portoit un petit juste de laine rouge garni de clinquant ; elle avoit ses cheveux tressés & ramassés sous un morceau de toile jaune taillé en rond. Cette montagnarde qui étoit âgée de 17 à  18 ans, ne me parut pas laide, quoi qu'elle eût le teint très hâlé. Nous observâmes que les femmes & les filles étoient toutes rangées et accroupies dans un coin, à  une certaine distance des hommes, qui étoient aussi tous ensemble; lorsqu'une danse finissoit, un paysan qui étoit une espèce de maitre de cérémonies faisoit signe à  un homme & une femme de s'approcher pour continuer de danser . «

 

2) « On nous pria de danser; cette proposition m'auroit effryé ailleurs, car de ma vie je n'ai fsçu faire un pas de menuet; mais voyant qu'il ne s'agissoit que d'aller en avant & en arrière sans mesure, & craignant qu'on ne prît mal mon refus, j'eus l'honneur de marcher ainsi pendant un demi quart d'heure avec une femme de soixante ans. Cependant le jour finissoit ,& on annonça que tous les jeunes Corses alloient danser en rond pour leur pères; c'est un usage très ancien dans quelques endroits de l'Ile, mais qui n'y est pas général. Ils déployent à  cette occasion toute leur agilité& leur souplesse; ils nous prièrent aussi d'en être; plût au ciel qu'ils n'y eussent jamais pensé, puisque j'en eus les bras disloqués, de même que l'Officier avec qui j'étois venu! Mais nous voulûmes être civils & complaisans jusqu'à  la fin. Lorsque cette danse va commencer& que les jeunes paysans se sont assemblés, un d'eux se campe au milieu de la troupe& et entonne à  voix forte & en faisant d'horribles contorsions un couplet de chanson; à  l'instant tous ses camarades qui se tiennent par la main tournent circulairement de la droite à  la gauche, si rapidement& en poussant tant de cris qu'ils en perdent haleine. C'est pour eux un singulier plaisir que ce divertissement. Ils le terminent par de longs éclats de rire «   (.....°) .

 

L ‘ethnologue

Rennie Pecqueux-Barboni , nous explique que les danses en cercle sont d'origine religieuse, liés aux cultes agraires, et de fécondité, avant la religion chrétienne. On appelait la fertilité en frappant le sol lors des danses avec les pieds.

 

 

On peut penser, comme l'affirme le musicologue Curt Sachs, que les peuples ont commencé à  danser en cercles, soit ouverts, soit fermés, ou en spirale ou en lignes.(ex. a girà ndula ,u saltarellu, a zilimbrina, u tarasco', a manfarina) . L'idée était de représenter le sens de la vie, le mouvement du soleil et des planètes, et de tourner autour de quelque chose.C'est tout à  fait ce qu'exprimait en Corse :

 

-A Zilimbrina est une ronde avec un rythme de tarentelle, un rite d'union : « Aliscia, aliscia, o Zilimbrina chi ti vulemu marità  » .

-A Girà¡ndula : un cercle de garçons entoure les danseuses en sens contraire ; à  chaque rencontre d'un nouveau couple, le cavalier fait tourner la cavalière et rejoint par la droite une nouvelle femme .

Zilimbrina, girà ndula,manferina,marsigliana et tarrasco' sont des danses à  deux sexes pour le carnaval ...

-U Saltarellu fait naître une spirale, avec un rythme très rapide à  4 temps. Il y a deux figures.

 

 

L'usage de danser en couple est assez récent (16 ème siècle) , il arrive avec a cuntradanza, a volta, u minuettu, a manfarina et a marsigliana .

 

Mais au début ou la fin de ces danses, il y a toujours en Corse des résurgences ou souvenirs de pratiques plus anciennes : ainsi la figure du cercle réapparait dans celle appellée « Rondu » . Et la spirale est pratiquée par I Machjaghjoli dans leur quadrille , ainsi que par I Canti d'Ajacciu , qui ont repris le quadrille corse dansé par le groupe a Sirinata Ajaccina au début du siècle , d'après un collectage par écrit d'un prêtre à  Bastelica ou selon d'autres sources une composition de Sari.....

Rennie Pecqueux-Barboni explique que les danses comme a Cuntradanza, la polka, a Giardiniera, la Scuttiscia présentent toujours des figures en forme de cercle ou de spirale, souvent à  la fin de la danse,et que ce fait est à  rapprocher des processions religieuses de Pâques : a Cerca, a Granitula......

ainsi à  PASTRICCIOLA l'expression utilisée était : "Fà  bumbanza" :

 

« Les fêtes durait quatre nuits . Ils dansaient jusqu'à  l'épuisement, on se défoulait, en sueur : si sfucavavanu (ils se défoulaient). La vie était très dure . Les quadrilles duraient jusqu'à  3 quarts d'heure, avec un seul violoneux, Natalellu Pinelli .

L'ambiance joyeuse de Pastricciola était unique, rien à  voir avec les autres villages plus mornes. Les enfants regardaient danser derrière la porte , attirés par les sons de musique . »

 

« Il y avait aussi des soirées à  Guigliazza ....C'était une vie communautaire, par exemple toutes les femmes se réunissaient pour enlever a lezina di e castagne, châtaigne par châtaigne ; puis on les portait aux moulins vers Frassetu. Ensuite , la farine de châtaigne était conservée dans a cassetta , où la farine était tassée ; c'était le seul moyen de conservation jusqu'à  la prochaine récolte ; c'était la principale ressource du village, avec le miel . On mangeait souvent la pulenda . Les ruches étaient des troncs de châtaignier évidés et recouverts »......

 

« Fà  a bumbanza » (« faire bombance »: c'était le terme employé pour la fête , par exemple quand les jeunes partaient au service militaire».

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