l'espace public

Théorie et apparition du concept d'espace public.

l'espace public

En 1962, paraît un ouvrage nommé 'L’espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise', par Jürgen Habermas.

Habermas est un philosophe et sociologue allemand, connu pour ses travaux en philosophie social. Sans doute inspiré par le philosophe Emmanuel Kant, il met en avant le concept d’espace public qui se retrouve dans les principes démocratiques.

L’espace public est un lieu public accessible à tous les citoyens, et qui est censé autoriser et favoriser la circulation des informations et des personnes, et qui va constituer le plus petit lieu commun aux innombrables individus et aux multiples groupes sociaux, ethnique, culturel, qui le compose.

Essayons d'exposer d’une part l’idée première et l’apparition du concept d’espace public selon Habermas, ainsi que les différentes mutations et intégrations avec l’Etat.

Puis, nous tenterons d’illustrer ces propos par un exemple concret, l'apparition du débat public dans le cas du port de la Carbonite de Bastia.


Théorie et apparition du concept d’espace public


Selon Habermas, il s’est formé en Allemagne au XVIIIème siècle « une sphère publique critique de discussion de dimension restreinte ».

Cela s’explique par l’apparition d’une nouvelle culture de la lecture, qui est liée au développement de l’imprimerie qui permettra la mise en mouvement des idées.

Il s’est formé, au sein de la sphère privée, dans la bourgeoisie et les citadins, un réseau dense de la communication publique.

Pour Habermas, ce contexte est propice à l’exercice des principes d’égalité politique. En France, la Révolution Française de 1789 a rompu avec les habitudes littéraires en cours pour favoriser l’essor d’une presse d’opinion. On assiste alors à une « politisation de la vie sociale ».

Toutefois, les groupes sociaux composant la société n’ont pas participé à ces transformations de la sphère publique. Par la, les classes basses et les femmes ont été exclues de ce mouvement de « politisation de la sphère publique ».

Ce n’est cependant pas une exclusion radicale de la sorte, car selon Habermas elles participaient à l’apparition d’autres sphères publiques : « L’exclusion des couches inférieures, mobilisées culturellement et politiquement, provoque déjà une pluralisation de la sphère publique dans sa phase de formation. À côté de la sphère publique hégémonique, et entrelacée à elle, une sphère publique plébéienne se forme. »

Il ne nie pas pour autant la dynamique d’une culture populaire, car cela entraîne des effets contraires à la démocratie et donc une révolte « d’un contre projet face au monde hiérarchique du pouvoir ».

Pour assimiler le concept d’espace public, il était important d’en faire un traçage historique. Toutefois, Jürgen Habermas modifiera son cadre théorique en l’adaptant aux transformations structurelles moderne de la sphère publique.


Les différentes mutations et intégrations avec l’Etat


La sphère publique évolue

La première mutation de la sphère publique s’inscrit dans le processus de transformation étatique et économique : « L’Etat comme organisation de la domination reposait pour ainsi dire en lui-même, c’est à dire sociologiquement porté par la royauté, la bureaucratie, et l’armée, en partie aussi par la noblesse, et, en tant que tel, il était séparé, sur la plan organisationnel et institutionnel, de la société représentée par la bourgeoisie ».

À cette période là, les bourgeois étaient considérés comme de simples agents économiques. Mais en prenant conscience de leurs intérêts commun, et en les faisant valoir efficacement auprès du pouvoir, ils ont accédé au statut de citoyen, opérant un changement structurel de la sphère publique et acquérant alors une fonction politique. On peut appeler cela une interpénétration de l’Etat et de l’économie.

La sphère civile a été longtemps opposée à la puissance publique, en tant que sphère strictement privée. Mais l’émergence de l’urbanisation, la bureaucratisation, la concentration industrielle et la consommation de masse, ont modifié le domaine de la vie privée : « une polarisation de la sphère intime et de la sphère sociale ».

Dans ce cas là, nous appelons cela une interpénétration de l’Etat et du social.

De plus, il y a une transformation de la sphère publique, qui est l’interpénétration de l’Etat et de la société. En effet, les facteurs déterminants de ces changements sont l’élargissement de l’offre culturelle (livres, journaux …) la publicité, l’assimilation de la distraction et de l’information.

De ces nouvelles formes de communications est née l’influence du pouvoir médiatique, créant du coup une lutte pour le pouvoir de contrôler les flux de communication.  

L'apparition du débat public

Afin de faire régner une harmonie entre les classes sociales dans la société et le pouvoir, l’apparition des débats publics prouve qu’il est possible de parvenir à cet intérêt général.

Deux conditions s’imposent à la pratique du débat : l’impartialité et le dépassement des préférences particulières.

Ce système de communication idéal est garanti par une institutionnalisation du débat qui en fixe les normes : « la participation de toutes les personnes concernées, l’égalité de droit des participants, une interaction dépourvue de contrainte, une bonne foi quant aux thèmes et aux contributions proposées, le caractère révisable des résultats, etc. Dans ce contexte, les procédures juridiques servent à faire valoir les contraintes spatiales, temporelles et matérielles de sélections qui se manifestent dans la société réelle au sein d’une communauté de communication idéale. »

A l’issue de la discussion (qui n’est close que provisoirement car susceptible d’être reprise), prendre une décision s’impose et, même si celle-ci reste faillible, sa rationalité ne pourra être remise en question. Habermas ajoute que la vocation de ces discussions n’est pas de gouverner mais, grâce au pouvoir 'communicationnel' qu’elles génèrent, elles sont capables d’influencer le pouvoir administratif.


L’exemple du débat public à travers le projet du nouveau port de Bastia


Depuis la loi du 22 janvier 2002, la Collectivité Territoriale de Corse (renommée Collectivité de Corse en 2018) est devenue propriétaire des ports de commerce de Bastia et Ajaccio et a en charge leur développement. C’est dans ce cadre que le 26 juillet 2004, l’Assemblée de Corse a adopté le plan de développement du port de commerce de Bastia. 

Ce projet résulte de la volonté du Conseil exécutif de mettre à niveau les infrastructures nécessaires au développement de l’île. En effet, Bastia s’est toujours imposée comme la première destination portuaire de l’île, tant en terme de fret que de passagers transportés. Son port consolide chaque jour davantage cette position prépondérante avec un trafic en constante augmentation et dont le volume atteint, aujourd’hui, plus de 2 millions de passagers et près d’1 million de tonnes de marchandises. (Le port de Bastia est le premier port de Méditerranée en termes de passagers transportés.) 

Or, ses installations remontent à 1870 et ne répondent plus aux exigences du trafic, tout comme aux normes de sécurité en vigueur. Son fonctionnement ne reste possible que grâce à l’octroi d’un système dérogatoire pour permettre l’accueil de navires d’architecture moderne de plus en plus longs et de fort tonnage. 

Le coût prévisionnel de cette opération dépassant le seuil des 150 M€ fixés par décret en date du 22 octobre 2002, la Collectivité décidait, le 3 mars 2006, de saisir la Commission nationale du débat public, laquelle confirmait le 5 avril 2006, que le projet de développement portuaire de Bastia devait effectivement donner lieu à un débat. 

Le débat public sur le projet de développement portuaire de Bastia s’est déroulé du 6 mars au 16 mai 2007. Au cours de cette période, six réunions publiques se sont tenues dans l’amphithéâtre du Lycée Giocante de Casabianca. 

Dans ce cas nous retrouvons bien les bases des différentes théories qu’Habermas a développées. En effet nous retrouvons une transformation de la sphère publique via le débat public, afin que le projet du nouveau port de Bastia ait un intérêt pour toutes les catégories sociales de la société Bastiaise.


Conclusion


Pour en conclure, la société a su intégrer les différentes sphères publiques de la société, ce qui a amené à l’apparition de l’espace public, non seulement en société mais aussi en politique.

Les débats publics ont permis à la société de s’harmoniser entre elle et de faire participer toutes les classes sociales dans un intérêt commun, et tout cela dans un souci de démocratie. Le cas présenté ci-dessus montre bien que les méthodes de conciliation entre les autorités publique et le peuple résultent bien des théories défendu par Habermas, bien qu’il ai changé d’opinion plusieurs fois sur ce sujet.

En effet, Habermas a su adapter son raisonnement à travers l’évolution de la démocratie et des codes moraux de la société. Il paraitrait indécent de nos jours d’exclure du débat public des classes sociales selon leur richesse et leur sexe.

Pour Bernard Miège, cette théorie d’espace public est fondamental, et doit-être défendue : « Même discutée, voire contestée, la notion d’espace public est devenue incontournable. Là où la vie sociale continue à s’organiser avec plus ou moins de conviction, en respectant le modèle démocratique. »



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